Journal de famille

Eh oui, trois semaines déjà !

J'ai encore du mal à réaliser que notre poupée est là depuis trois semaines. Bon, en même temps, je me suis un petit peu enfermée dans ma bulle avec elle depuis la sortie de la clinique et une fois sur deux je ne sais même pas quel jour nous sommes.

Tout se passe bien, si ce n'est la petite qui commence à devenir plutôt nerveuse en journée, mais aussi le soir. Et encore, "plutôt nerveuse" c'est un euphémisme : crise de larmes, de colères, impossibilité de la calmer, même une fois dans les bras ou dans le bain. Le pédiatre est formel : elle n'a rien, du moins du point de vue médical.

Hier ça faisait deux jours qu'elle ne me laissait quasiment pas dormir.

Une vraie angoisse. La fatigue morale et physique est indescriptible dans ces cas-là. Et surtout, le sentiment d'impuissance quand on entend son bébé pleurer pendant des heures alors qu'on a tout tenté pour le calmer. Stress, fatigue, angoisse, sans compter qu'après l'expérience désastreuse que nous avions eu avec le tire-lait, je n'étais pas prête à recommencer à tirer mon lait pour passer la relève à Yaël. De plus, avec les crises de bébé, on commençait à sérieusement se demander si mon lait était encore suffisament nourrissant...

C'est bête à dire mais ça m'a vraiment démoralisée, et, même si je sais qu'au fond ce n'est pas de ma faute, je me suis sentie coupable.

Alors, forcément il fallait s'y attendre, après tout ça et à force de vouloir m'engager au delà des limites du corps, j'ai fais un malaise. Rien de grave, un malaise vagal comme j'en fais une fois par an au moins. Mais je crois que j'ai fais très peur à Yaël qui s'est empressé d'appeller les pompiers.

Résultat des courses : un séjour aux urgences de Magenta et une bonne grosse frayeur. Le médecin prescrit du repos et surtout "bien faire attention de se laver les mains avant de toucher bébé dans le cas d'une gastro", mais pas de contre-indications à l'allaitement.

Sauf qu'il y a "faire attention" et en faire trop; Yaël, toujours alerte, décide que ce soir, ce serait menu "lait de complément" pour bébé et interdiction que maman approche le bébé pour allaiter, "des fois que".

Bon, je trouve cela compréhensible, avec la frayeur que le malaise lui a fait, il n'a pas envie de voir la petite malade et, surtout, il voulait que je puisse me reposer cette nuit là sans avoir à me lever pour la grenouille.

Et c'est là, en passant toute la nuit sans allaiter, que je me suis rendue compte réellement, et pour la première fois je crois, que je ne pourrai pas être loin de Jaïa. Je voyais Yaël la nourrir, lui parler, elle le regardait en prenant le biberon et jouait avec ses petits doigts et moi, j'enviais Yaël.

Bon, j'avoue, je l'ai supplié toute la nuit de me laisser lui donner le sein "juste une fois, je me lave les mains trois fois si tu veux !" mais il n'a pas cédé, le tenace ! Finalement, à 5h, il m'a laissé faire (après m'avoir obligée à passer les mains sous l'alcool tout de même !).

Et c'est vrai ce que les gens disent : ce n'est que du bonheur d'allaiter...

Enfin voilà les derniers épisodes.

La morale de l'histoire : ne plus JAMAIS aller au bout du bout de la fatigue, nerveuse, comme physique.

La bonne nouvelle : la petite a prit le sein il y deux heures maintenant et elle dort comme un loire...pas assez nutritif mon lait ?

Merci à tantine Bernadette d'être venue veiller sur notre poupée pendant que nous étions aux urgences !